Programme

Jeudi 11 Mars 2021

Accueil des participants

9:30 – 9:45 –  Introduction de la directrice ENSA•M : Hélène CORSET MAILLARD- >directrice ENSA.M

9:45 – 10:15 –  Introduction du séminaire / Le laboratoire Project[s]
Alexandra Biehler – Paysagiste et Géographe – Enseignante chercheure à l’ENSA•M – chercheure project[s] · ensa•marseille 

10:15 – 12:30  – 1ère partie : Recherche et projet ?

1.1 La recherche architecturale dans la recherche – des définitions

10:15-10:45 / Christel Marchiaro.
Architecte – Enseignante chercheure à l’ENSA•M – chercheure project[s] · ensa•marseille

Volte-face : Quelle place pour la recherche dans le projet ?

Résumé de la communication  : Depuis les réflexions ayant menées à la réforme de 2005, qui a permis aux ENSA(P) de délivrer des doctorats en architecture, notre communauté scientifique : se demande régulièrement quelle place le projet pourrait avoir dans la recherche architecturale, urbaine et paysagère (Hanrot, 2015) ; esquisse des typologies de thèses possibles (Coste, 2005) ou effectivement soutenues en ce sens (Mazel, Tomasi, 2017) ; et au même titre qu’elle applique le modèle universitaire à l’architecture en fonction des multiples disciplines qui la composent, imagine plier le projet à un protocole scientifique (Verdier, 2014 ; Picon 2015, ; Younès, 2015). 
Pourtant, notre ancestrale « théorie de la pratique » (Oechslin, 2011), certes non reconnue comme théorie au sens strict, opère majoritairement à rebours des méthodes académiques, de la pratique à la théorie, comme le font d’ailleurs les architectes ou agences ayant une activité de recherche (Rambert, 2019). La pratique, longtemps mésestimée, en particulier dans le milieu académique français, est revalorisée depuis une dizaine d’année. Et enfin, un doctorat par le projet vient de voir le jour en 2018.
Après un rapide état des lieux des catégories de recherches mobilisant la pratique, la communication tentera, en partant d’une définition du projet (Boutinet, 2010), d’examiner où et comment la recherche pourrait s’y loger. 

10:45-11:15 / Anne Coste.
Architecte-historienne – HDR- Professeur HCA (Histoire et Cultures architecturales), ENSA Grenoble. Unité de recherche “Architecture, Environnement & Cultures constructives” (AE&CC,). Univ. Grenoble Alpes, ENSAG, LabEx AE&CC.

La recherche par le projet comme forme de recherche contributive : Expériences et tentative de théorisation

Résumé de la communicationCette contribution rendra compte d’un travail collectif en cours dans l’unité de recherche Architecture, Environnement & Cultures constructives dans le cadre des Ambitions communes du programme scientifique 2021-2025.
15 ans après le « livre orange » du BRAUP, Vers un doctorat en architecture, 10 ans après la création du LabEx AE&CC, il s’agit de porter un regard réflexif croisé sur les projets de recherche et les thèses produits entre temps, à travers une grille construite sur la base de cadres théoriques issus du monde de l’architecture mais aussi d’autres disciplines, notamment les sciences de l’éducation. Il ne s’agit ni d’un simple bilan ni d’une introspection mais d’un exercice qui nous semble salutaire et utile pour opérer les changements radicaux qui s’imposent pour relever les défis des transitions socio-écologiques, dans un contexte scientifique et sociétal en pleine mutation. En effet, si nos équipes ont parcouru un chemin ardu pour conquérir une légitimité scientifique et institutionnelle sur la base de travaux ancrés dans la discipline architecturale, dans le même temps des disciplines installées depuis plus longtemps dans le paysage académique découvrent la valeur des approches par le projet que nous n’avons cessé de promouvoir. En témoigne la montée en puissance de la notion de recherche contributive qui, selon Bernard Stiegler « vise à associer étroitement des chercheurs issus de différentes disciplines et des acteurs des territoires (habitants, entreprises, associations, élus et administrations publiques) dans de nouveaux réseaux territorialisés de recherche et d’expérimentation » [Stiegler Bernard (dir.), 2020. Bifurquer. Il n’y a pas d’alternative, Les Liens qui Libèrent, p. 12].
Il apparaît que les trois registres de nos ambitions communes – recherche projet, recherche action et pédagogies innovantes – entrent dans cette catégorie de recherche destinée à promouvoir un modèle scientifique ascendant, ancrée dans le local, dont les résultats sont transposables rapidement et qui promeut une perméabilité entre recherche fondamentale, recherche action et recherche appliquée.  

Pause

1.2 Les recherches-actions et les liens entre recherche et profession

11:30-12:00 / Gabriele Salvia.
Architecte – Docteur – chercheur project[s] · ensa•marseille  

D’une recherche action à la constitution d’un tiers lieu- Vers l’émergence de nouvelles trajectoires professionnelles 

Résumé de la communication : En 2019, la Plateforme d’Observation des Projets et Stratégies Urbaines (POPSU) a créé un nouveau programme -POPSU Territoires- visant à alimenter les connaissances sur les petites villes, mais aussi et surtout à expérimenter des croisements productifs entre des équipes de recherche, des élus et des habitants.
Dans le cadre de ce programme, nous avons conduit une étude de cas sur la ville de Briançon questionnant plus précisément le phénomène de déprise foncière à l’œuvre dans son centre historique. Nous avons mis en place des espaces de dialogue entre les acteurs (institutionnels, professionnels et habitants) d’une part pour identifier les formes et les motifs de la vacance et pour faire émerger des idées de projet partagées.  
Cette expérience nous a donc permis d’explorer les questions suivantes : quels croisements possibles entre recherche et expertise ? Quelles figures et quelles identités de chercheurs la collaboration avec les acteurs institutionnels et professionnels peut-elle faire émerger ? Comment ce processus de recherche peut-il devenir une opportunité pour transformer et négocier la commande publique classique ? Et, par conséquent, comment ces évolutions en matière de commande peuvent-elles faire émerger de nouvelles professionnalités ?
Revenir sur cette expérience mettra en évidence la manière dont les figures des chercheurs se construisent et peuvent se transformer au fur et à mesure. Premièrement, l’exemple montre en quoi ces démarches de recherche action peuvent être de véritables ressources pour l’ingénierie territoriale des villes. À Briançon, par exemple, la recherche a abouti au lancement du projet d’un tiers lieu demandé par les habitants. Deuxièmement, cette expérience montre aussi la manière dont la recherche action permet de créer nouveaux liens entre recherche et pratique. Ainsi, ces réflexions s’inscrivent dans le champ de l’émergence de nouvelles figures actrices de la médiation architecturale (Sandrini, 2014) et réaffirment bien une nécessité sociale, politique voire démocratique de l’architecture.

12:00-12:30 / Mathieu Mercuriali
Architecte, docteur en architecture (EPFL), chercheur au LIAT-EnsaPM, maître de conférences associé à l’ENSA Paris-Malaquais jusqu’à 2020, Professeur chercheur à l’ENSAS depuis septembre 2020. Directeur de projet, développement et recherche chez TVK – PARIS

Le projet par la recherche, la recherche par le projet

Résumé de la communication : Comment apprendre aux étudiants une dynamique itérative et prospective entre projet et recherche ? La compréhension par les chercheurs de la complexité du processus de projet est une condition sine qua non pour explorer de nouvelles pratiques. Elle est favorisée par une approche qui induit la rencontre de la pratique et de la théorie, du métier et de l’enseignement. Avec l’ambition d’une démarche perméable et poreuse, cette méthodologie pédagogique exprime le projet par la recherche, et la recherche par le projet.
Au niveau de la pédagogie, chaque projet qu’entreprend un étudiant représente un prototype, envisagé comme une synthèse des contraintes données et des innovations injectées. Cette approche – l’expérimentation par le projet faisant appel à la recherche – vise à l’amener à développer une sensibilité et une réflexion d’ordre théorique et historique, qui enrichissent ses connaissances et lui donnent les outils pour construire son propre parcours tout au long de sa vie d’architecte.
Au niveau de la recherche, des passerelles peuvent se créer dans les universités et dans les agences d’architecture. Cette recherche par le projet permet de construire de nouveaux champs d’investigations qui aboutissent à des innovations interdisciplinaires en termes de projets urbains et architecturaux. L’intervention s’appuiera sur des exemples concrets qui se sont appuyés sur cette méthodologie.

14:00 – 18:00 – 2ème partie : Quelles place du projet dans la démarche de thèse ?

2.1  Des relations thèses/projets effectives

14:00 – 14:30 / Marion Serre
Architecte – Docteur – chercheure project[s] · ensa•marseille  

Le projet : un dispositif dans un protocole de recherche et d’innovation architecturale

Résumé de la communication : La production de délaissés urbains fait partie des phénomènes inhérents à la fabrique de la ville. Patrick Degeorges et Antoine Nochy définissent les terrains délaissés comme « des espaces résiduels rendus structurellement inutilisables par l’aménagement du territoire » (2002). Par analogie au tiers paysage de Gilles Clément (2004), nous avons élaboré la notion de « tiers foncier », mettant en évidence un foncier résiduel, dont le mode de gestion n’est pas identifiable et qui, de fait, ne permet pas de le mobiliser dans un processus de projet conventionnel. Dans ce contexte, comment cet état d’indétermination permet-il aux acteurs de la ville de se saisir du tiers foncier comme un support de résistance, de négociation, voire d’expérimentation de projet ? De quelle manière les acteurs institutionnels et non institutionnels peuvent-ils faire valoir leurs compétences respectives et négocier les conditions de transformation du tiers foncier ?
Pour répondre à ces questionnements, nous mettrons en perspective deux de nos enquêtes de terrain, situées à Marseille et initiées en octobre 2013. Ces deux exemples montreront de quelles manières un foncier résiduel, en limite de propriété de bailleurs sociaux et de gestionnaires d’infrastructures, peut à la fois être un espace de résistance et de négociations, pour parfois devenir le support de projets négociés (Debarre A., 2010) entre les différentes parties. Notre communication abordera le projet comme objet d’étude observé et décrit, mais également comme dispositif dans un protocole de recherche et d’innovation architecturale.

14:30 – 15:00 / Ken Novellas
Paysagiste – Doctorant en Géographie & Paysage – Laboratoire de Recherche en projet de Paysage/ENSP Versailles-Marseille – École Universitaire de Recherche Humanités, Création, Patrimoine /CY Cergy Paris Université – parcours doctoral de thèse par le projet.

Titre de la thèse en cours : « Permanences et mutations de l’aménagement des zones basses urbaines du littoral Berre-Fos : Vers l’adaptation au changement climatique par la conception de nouveaux modèles d’aménagements bio-inspirés  ».

Directeur de thèse : Patrick Moquay

La thèse, un approfondissement théorique pour le projet de paysage, nourrie par une approche réflexive. Vers une hybridation possible de l’approche du paysagiste face à la complexité ?

Résumé de la communication : Cette thèse par et pour le projet questionne à la fois les méthodes et les modèles d’aménagement qui transforment les paysages littoraux de l’étang de Berre et du golfe de Fos. Si la recherche se place à la fois comme un approfondissement théorique pour aborder la notion de « projet de paysage » et explorer les caractéristiques de l’approche que le paysagiste valorise, elle est aussi nourrie par une approche réflexive du praticien/chercheur directement en situation de projet. Celui-ci apparaît comme un temps d’expérimentation prospectif, indépendant de toutes commandes, pour notamment éclairer et alimenter la recherche sur l’aménagement du littoral face au changement climatique. Si ces bouleversements environnementaux génèrent de plus en plus de complexité pour les concepteurs d’espace, les approches et compétences de ceux-ci sont amenées à s’hybrider de plus en plus (pluridisciplinarité, transdisciplinarité, évolution des approches). Cette thèse sera l’occasion de questionner une hybridation possible, entre le biomimétisme et la démarche du paysagiste.

Pause

15:30 – 16:00 / Axelle Thierry et Sylvie Salles
Sylvie Salles – Architecte. Docteure et HDR  – Professeur au département projet ENSP Versailles- directrice d’étude d’Axelle Thierry
Axelle Thierry – Architecte DE HMONP – Paysagiste CESP- Doctorante LAREP/ENSP Versailles-Marseille- EUR « Humanités, création, patrimoine », CY Cergy Paris Université- parcours doctoral de thèse par le projet.  

Titre de la thèse en cours : « Nourrir le Grand Paris de demain : approche prospective sur le potentiel d’un urbanisme agricole »

Directeur de thèse : Sylvie Salles

Prospective par le projet de paysage : Penser l’urbanisme agricole de la métropole parisienne

Résumé de la communication : Le doctorat par le projet de paysage ouvre un champ de réflexions permettant d’éclairer les angles morts de la recherche qui sont spécifiquement là où la théorie informe la pratique et inversement là où la pratique (ou l’action d’ailleurs) informe la théorie. Cela tient à la nature relationnelle du paysage, défini au croisement de plusieurs disciplines. Cela tient surtout au processus même du projet de paysage, où la conception paysagiste est partie prenante de dynamiques de transformation naturelles ou initiées par des acteurs privés. Penser l’urbanisme agricole est au cœur de ces articulations fécondes. Cette communication à deux voix fera état d’un doctorat en cours qui questionne la dimension prospective de la recherche par le projet de paysage. En se projetant dans le futur, cette démarche vise à renouveler la réflexion sur le devenir des relations entre métropole parisienne et agriculture, à partir de la notion d’urbanisme agricole. L’hypothèse s’appuie sur l’idée que la prospective, incarnée par la production de scenarii spatialisés, est opérante pour traiter une question d’aménagement émergente et majeure à l’échelle des métropoles. En tant qu’outil du projet, plutôt que projet en elle-même, elle engendre toutefois de nombreux questionnements épistémologiques et méthodologiques qui seront abordés ici, et qui préfigurent de nouvelles modalités de recherche en paysage.

16:00 – 16:30 / Luciano Aletta
Architecte -Doctorant en architecture- Doctorat par le projet – EUR « Humanités, création, patrimoine », CY Cergy Paris Université / Université Paris Seine.
Collective CONCRETE (CNCRT) / Chef de projet chez Dogma (2013 –2018)

 Titre de la thèse en cours : « Terrain, gouvernance et la production du commun. Repenser la frontière Franco-Belge au-delà de ses limites administratives. »

Directeur de thèse : Eric Vial (CY)
Co-encadrant : Frank Rambert (ENSA-V), Pier Vittorio Aureli et Martino Tattara (DOGMA)

La terre en commun –  La saisie de la terre, de la propriété au commun

Résumé de la communication : La propriété foncière a changé profondément le système de valeurs qui a permis, au fil du temps, la reproduction de l’homme et de son propre environnement : elle a accéléré le processus de marchandisation et de dépossession de ressources naturelles et a étendu le champ d’action du capitalisme jusqu’à la production d’espace. Comprise dans ses formes dualistes de privé / public, la propriété foncière est l’institution qui définit le territoire d’une communauté ; qui réglemente l’accessibilité, les droits d’usage et les modes d’appropriation entre ses membres ; qui structure l’ensemble du groupe social en régulant les relations entre ceux qui possèdent les moyens de production et ceux qui n’en possèdent pas. Une relation sociale et spatiale qui a été fondamentale pour assurer le pouvoir de toute les société « civilisée ». En se concentrant sur la relation entre les formes de propriété et les formes d’organisation territoriale, l’étude analyse le rôle joué par l’institution de la propriété foncière dans la construction du territoire européen et explore la possibilité offerte par le régime alternatif des régimes fonciers de repenser l’espace et forme politique de nos terres. À travers la méthodologie de la « recherche par le projet », où le projet architectural définit à la fois le cadre de l’enquête et le résultat final du processus d’enquête, cette thèse vise à définir une stratégie à long terme et en plusieurs étapes pour la remise en état des terres de la propriété au commun : un principe d’organisation politique, social et spatial qui fait du soin, le partage et la coopération ses valeurs fondamentales et institutionnelles.

2.2 Qu’est-ce qu’une HDR par le projet ?

17:00 – 17:30 / Anne-Valerie Gasc
Docteure et HDR – Enseignante chercheure à l’ENSA•M – chercheure project[s] · ensa•marseille 

La recherche par le projet ou la pensée entrain de faire


Résumé de la communicationÀ travers une relecture strictement méthodologique de mon habilitation à diriger des recherches en arts et sciences de l’art (2019), j’essaierai de démontrer en quoi le principe d’équivalence entre théorie et pratique qui régit la recherche par le projet, détermine des formats spécifiques au dépassement de ce clivage.
A priori non académiques, les entretiens, écrits et livres d’artistes vivants, par exemple, sont les sources à engager et les objets à produire dès lors qu’une recherche théorique s’ancre et se justifie par l’actualité d’une pratique.
 À l’occasion de cette présentation, je plaiderai donc pour la valeur scientifique de la parole de ceux qui œuvrent aujourd’hui.

17:45 – 18:45 – 3ème partie :  Table ronde / conclusion : Des doctorats par le projet 

Anne Coste – Arnaud François – Patrick Moquay
Avec Alexandra Biehler -Mohamed Belmaaziz- Anne-Valérie Gasc

Arnaud François – Architect, docteur et HDR- Enseignant chercheur TPCAU Rouen – a l’initiative du Doctorat « recherche et création » en partenariat avec l’école supérieure d’arts et médias de Caen/Cherbourg, l’école supérieure d’art et design Le Havre/Rouen et l’école doctorale 558 « Histoire, mémoire, patrimoine, langage » Normandie-Université.

Patrick Moquay – docteur et HDR – Directeur délégué à la recherche, directeur du Larep, professeur en sciences humaines et sociales et responsable du Département Sciences humaines et sociales de l’ENSP. Il a participé au montage de l’école universitaire de recherche (UER) « Humanités, création, patrimoine » H, incluant un parcours de doctorat par le projet, et y est désormais responsable de la mention paysage.

Mohamed Belmaaziz- Architecte – Enseignant chercheur à l’ENSA•M –  chercheur project[s] · ensa•marseille 

Les formations doctorales existantes dans les écoles de projet, et plus particulièrement le Doctorat « recherche et création » du Havre/Rouen et Caen/Cherbourg et le parcours doctoral de thèse par le projet de l‘EUR « Humanités, création, patrimoine », CY Cergy Paris Université, seront au centre des discussions de cette table ronde.